Laïka au Théâtre du Rond-Point 6 novembre 2018 in Les chroniques de Tata Nicole Laïka au Théâtre du Rond-Point. Texte et mise en scène : Ascanio Celestini. Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 10 novembre. L’auteur et metteur en scène, Ascanio Celestini poursuit avec Laïka, son compagnonnage avec l’excellent comédien, David Murgia qui partage la scène avec l’accordéoniste, Maurice Blanchy doublé par la voix off de Yolande Moreau. Comment va le monde ? Pas très bien comme le raconte celui qui, certes, passe sa vie au bar du coin, mais le dos au bar car il regarde ce qui se passe dehors. Il regarde ce peuple de l’ombre qui d’ordinaire n’a ni visage, ni voix. Qui est-il ce narrateur ? Un pauvre type ? Non , un type pauvre entre Jésus et Karl Marx qui fait entendre la voix de ceux qui n’en ont pas, dans un monologue fiévreux, poétique et réaliste avec une parole fleuve servie par la musique de l’accordéon. L’humanité de la voix off de Yolande Moreau ponctue la logorrhée de cet habitué du bar, double le musicien Maurice Blanchy, sépare et fait le lien entre les récits. Le peuple de l’ombre Il y a le clochard qui dort dehors sous nos fenêtres, la voisine de palier au cerveau dérangé, cette autre vieille, généreuse qui vaque d’un bout à l’autre de la cité, en priant Dieu, les mains jointes. La prostituée qui brûle des pneus pour se réchauffer qui assume son destin et qui par éthique, propose un jour gratuit par mois, comme dans les musées. Les grévistes exténués, les Africains exploités dans l’entrepôt d’en face, ceux qui ont survécu au naufrage de leur embarcation. Les Saints et leurs miracles, Dieu et Stephen Hawking. Il y a aussi Laïka, la première chienne envoyée dans l’espace,en 1957 par les Soviétiques, seule dans sa capsule . Elle était assurée de mourir en ayant touché de si près les étoiles, mais qui s’en souciait ? Elle n’était pas un animal de race, juste une bâtarde sacrifiée sur l’autel de la science. » Si c’est vrai que Dieu est dans le ciel, ce jour-là, l’être vivant le plus proche de Dieu était un chien « . Il raconte. Il ne juge pas. Il commente. Ce n’est pas possible qu’un Tout puissant permette ces désolations. « Notre Père faites que Notre volonté soit faite autant que la Vôtre « . Un auteur engagé dans son époque Ascania Celestini se dit qu’il est le nouveau Dario Fo. Certes, il pourfend son époque mais sans oublier d’en rire. Et on rit beaucoup pendant ce spectacle qui, en même temps, nous émeut. L’auteur a véritablement le génie de la langue pour dire, sans asséner et quant à l’interprète, David Murgia, il nous hypnotise par son impressionnante technique pour débiter comme une mitraillette, les maux de tous ces fracassés. Sur un plateau avec seulement, des caisses de bières empilées et quelques petites lampes blanches, la voix de tous ces déclassés, de ces exploités, de ces vieilles prend corps. Une représentation qui emmène le public pour faire un pied de nez au malheur. Il faut s’y précipiter avant le 10 novembre pour entendre toute l’humanité incarnée par David Murgia. Laïka au Théâtre du Rond-Point. Texte et mise en scène : Ascanio Celestini. Au Théâtre du Rond Point jusqu’au 10 novembre.