Chronique: Ubu Roi au Théâtre de l’épée de bois 31 janvier 2018 in Les chroniques de Tata Nicole UBU ROI d’ Alfred Jarry à La Cartoucherie de Vincennes, Théâtre de l’Epée de Bois jusqu’au 27 mars. Mise en scène d’ Antonio Diaz-Florian. Bien qu’il soit l’ auteur d’une oeuvre importante, Alfred Jarry est surtout connu grâce au personnage du Père Ubu, qu’il a commencé à mettre en scène avec ses camarades potaches du lycée de Rennes, pour se moquer d’un professeur qui représentait » tout le grotesque qui fût au monde « . Ecrite comme une pochade, Jarry parodie les grandes tragédies de Shakespeare. Depuis sa première représentation, le 10 décembre 1896, cette pièce a été le terrain de jeu de très nombreux metteurs en scène qui, tour à tour, ont fait d’ Ubu, un personnage effrayant, fantastique, pervers… Père Ubu, officier polonais manipulé par sa femme, assassine le roi Wenceslas, massacre sa famille et les nobles du royaume et prend le pouvoir. Mais ce roi tyrannique jusqu’à l’absurde, avide, pris par un délire de pouvoir sera lui-même renversé par Bougrelas, fils de l’ancien roi, et contraint de fuir son pays. Un vrai travail théâtral Le metteur en scène et interprète de Père Ubu, Antonio Diaz-Florian accentue le parti-pris comique. Ubu assume sa méchanceté et ses caprices. Les mimiques qu’il compose ne peuvent qu’évoquer les masques drôles ou méchants de la commedia dell’arte. D’ailleurs cette magnifique salle tout en bois du théâtre de l’Epée de Bois est à elle seule, un décor. L’économie des moyens, quelques cageots de bouteilles de vin et un grand drap tendu pour projeter, en ombres chinoises, les extravagants décors de la pièce, laisse toute la place à l’interprétation des cinq comédiens. Leur jeu volontairement outré contribue à créer cette distance ironique entre la magie du théâtre et la réalité qu’elle évoque. Les cinq comédiens interprètent tous les personnages présents dans cette pièce. Une poésie cruelle malgré tout C’est inventif, grâce à quelques accessoires symboliques, tout est évoqué, la mort, le sang, les batailles, les tortures, sans aucun souci de réalisme et c’est pour cela qu’on se laisse prendre au jeu et qu’on rit de bon coeur. Pourtant, la cruauté est là mais elle devient ici poétique grâce à cette atmosphère à la fois enfantine et bouffonne. Tous les comédiens sont remarquables, d’une authenticité impressionnante. Ils nous emmènent au théâtre de guignol, dans une B.D, dans l’imaginaire d’un enfant. Le travail qu’accomplit toute cette troupe, depuis l’accueil du public jusqu’à sa sortie mérite d’être salué. ALLEZ DECOUVRIR AU PLUS VITE, UN VRAI TRAVAIL THEATRAL AVEC UNE VRAIE TROUPE. UBU ROI d’ Alfred Jarry à La Cartoucherie de Vincennes, Théâtre de l’Epée de Bois jusqu’au 27 mars. Mise en scène d’ Antonio Diaz-Florian