Chronique: La main de Leïla 3 novembre 2017 in Les chroniques de Tata Nicole LA MAIN DE LEILA au Théâtre des Béliers parisiens jusqu’au 31 décembre d’ Aida Asgharzadeh et Kamel Isker, mise en scène de Régis Vallée. Dans le village de Sidi Farès, Samir est projectionniste au Harem Cinema, petite salle clandestine, interdite aux femmes. Les plus grands baisers de cinéma que l’ Etat censure y sont rejoués. Les plus grands films occidentaux y sont projetés, Casanblanca, Dirty Dancing et même 37.2 le matin. Les couples » se roulent des pelles, de bonnes galoches » dit-il . Le préféré de Samir c’est Casablanca pour le chic d’ Humphrey Bogart et surtout pour la chanson » As Time Goes Bye » , au piano du Rick’s Cafe. Roméo et Juliette ou l’amour impossible Un soir, Leila parvient à s’incruster dans la salle de cinéma pourtant interdite aux femmes et très vite, elle prend toute la place dans la vie de Samir. Cependant, tout contribue à les séparer et donc à les empêcher de vivre cet amour : il est sans le sou, elle est la fille d’un puissant colonel ; l’époque, nous sommes en Algérie en 1987 avec la censure, l’oppression des femmes, la pénurie, la loi militaire. Un vent de fronde et d’espoir se lève sur l’Algérie , ( prémices du printemps arabe ! ) Bien sûr, on pense à Roméo et Juliette mais les deux jeunes auteurs et interprètes de cette histoire vont plus loin. ils nous font revivre le quotidien du village de Sidi Farès et ses désirs de liberté. Cet amour impossible teinté de cinéma, se joue avec pour fond, une Algérie en proie aux convulsions politiques. Un spectacle toute en énergie et en inventivité Le dispositif scénographique d’une extrême simplicité : cordes à linges, caisses en plastique est pourtant une formidable invention puisqu’il nous permet d’aller d’une terrasse, à l’intérieur d’une maison, sur la place….0n y entend les jets d’eau, le chant du muezzin. Mais surtout, c’est l’enthousiasme et l’énergie des 3 comédiens : Aida Asgharzadeh, Kamel Isker, Azize Kabouche incarnant une dizaine de personnages, qui nous tiennent de bout en bout. Azize Kabouche est émouvant et drôle dans l’incarnation de Yemahadja, la grand-mère ou trop classe dans son incarnation d’Humphrey Bogart, avec son inoubliable imperméable, et son chapeau. Tous les trois sont excellents et font de ce spectacle, un moment de bonheur. Tout comme les deux amoureux qui ne se lassent pas de se » rejouer » Casablanca, on a envie de revoir ce spectacle qui nous a complètement happés.