Chronique: Adieu Ferdinand! Au Théâtre Athénée – Louis Jouvet 10 janvier 2018 in Les chroniques de Tata Nicole Adieu Ferdinand! Au Théâtre Athénée – Louis Jouvet. De Philippe Caubère. Spectacle en deux soirées, jusqu’au 14 janvier. A travers le personnage de Ferdinand Faure, inventé il y a une trentaine d’années avec La Danse du Diable, Philippe Caubère se racontait. Il tourne aujourd’hui la page avec ce spectacle décliné en deux soirées, sous forme de trois contes : Clémence (La Baleine et le Camp Naturiste) et le Casino de Namur. Du Théâtre du Soleil à Avignon Dans Clémence, on le retrouve fraîchement marié mais Ferdinand décide de tromper Clémence avec une comédienne du Théâtre du Soleil, qui revêtue d’un énorme anorak, ressemble à une baleine. Quand Ferdinand et Clémence se sont mariés, ils ont refusé de se jurer fidélité ! Cette affaire, bien évidemment, ne se fait pas sans un certain nombre de péripéties dans lesquelles, il distend la réalité pour atteindre des moments qui ne sont pas sans nous évoquer Fellini. Après l’échec de Lorenzaccio, dans la cour d’Honneur du Palais des Papes, avec Clémence et son frère, Ferdinand part sur les routes de France, pour arriver au camp naturiste de Montalivet. Ariane (la Grande) ne venant pas cette année-là, ils vont pouvoir utiliser son bungalow. La découverte de la façon de vivre des « Tous nus » donne lieu aux situations les plus cocasses. Le camp, plein de Belges et d’ Allemands offre un tableau hilarant qu’il nous donne à voir mais non pas à juger, l’apéritif chez les voisins, naturistes de la première heure « On courait sous les bombes, slip au pied. C’était autre chose », se remémorent-ils, est un vrai morceau de bravoure. Que dire des corps sans gêne au bistrot… Comment tenter de lire Proust, sur une plage naturiste, avec l’édition de la Pléiade ? Caubère nous fait vivre des moments jubilatoires, d’autant plus que la musique rythme ce passage, comme dans un film avec Charlot. En attendant le Casino de Namur Le Casino de Namur, nous conduit vers la Belgique. Ferdinand et Bruno partent chez les parents d’un jeune comédien avec qui ils ont joué à Avignon. Il les a invités à déjeuner. Nous sommes dans l’univers de très riches et très rustres betteraviers belges. Le père d’ailleurs ne comprend pas que l’on puisse s’obstiner à devenir comédien pour gagner si peu alors que la betterave rapporte. La famille ne pardonne pas à ce pauvre garçon qui est devenu le souffre douleur de ses parents et de son frère. Et si on allait au casino de Namur après ce déjeuner? Drôle, avec de succulents dialogues mais en même temps poignant que cet épisode où l’on découvre la violence familiale. Style théâtral unique Caubère une fois de plus, nous enchante. Il prend la réalité, lui tord le cou. Il sait allier la vulgarité à la poésie et nous offrir des moments burlesques. Tous les personnages qu’il interprète sont finement étudiés. Il passe d’une mimique à l’autre, d’un accent à un autre, du rire à la souffrance. Les dialogues qu’il instaure entre tous ces personnages font mouche à chaque fois. Ses expressions déclenchent le rire tant il force le trait. Spectacle taillé au cordeau, tout est millimétré, à aucun moment, il ne faiblit. On ne peut qu’être admiratifs devant la forme physique de Philippe Caubère et ceux qui le suivent depuis toute ces années pourront le confirmer. ALLEZ VOIR CE SPECTACLE, VOUS VERREZ UN COMEDIEN AU SOMMET DE SON ART. Adieu Ferdinand! Au Théâtre Athénée – Louis Jouvet. De Philippe Caubère. Spectacle en deux soirées, jusqu’au 14 janvier.