Les Chaises d’Eugène Ionesco à la Cartoucherie 4 avril 2019 in Les chroniques de Tata Nicole Les Chaises d’Eugène Ionesco à la Cartoucherie, Théâtre de l’Aquarium, du 19 mars au 14 avril. Mise en scène de Bernard Levy, avec Thierry Bosc, Emmanuelle Grangé, Michel Fouquet. Qui sont ces deux vieux ? Un couple âgé se prépare à accueillir des invités imaginaires pour leur faire une grande annonce. Qui sont ces deux vieux ? Une baie vitrée nous sépare de ce couple dont la vieillesse saute immédiatement aux yeux. On les découvre dans un intérieur vieillot, dont l’ameublement semble évoquer les années 60 tout comme les chansons que diffuse un vieux poste de radio. Par cette baie vitrée, le Vieux regarde la mer et les bateaux. Ils s’affichent de surnoms comme « mon chou », « ma crotte ». Ils se connaissent par coeur même s’ils ont su préserver leurs jardins secrets: Nostalgie du Vieux pour la Belle, désirs fantasmatiques de la Vieille. Ils ont des trous de mémoire, radotent un peu car même si tout semble se déglinguer, l’immense amour de toute une vie résiste. « Tu es très doué mon chou. Tu aurais pu être Président chef, Roi chef ou même Docteur chef, Maréchal chef, si tu avais voulu » lui redit-elle à maintes reprises, avec beaucoup de tendresse. Tous les deux s’affairent à transporter des chaises bien réelles pour accueillir leurs invités. « Alors c’est vraiment pour ce soir? Au moins les as-tu convoqués, tous les personnages, tous les proprio et tous les savants? » lui dit-elle. Ces chaises sont destinées à accueillir leurs invités, du beau monde, d’ailleurs : un colonel un empereur, une ancienne amoureuse, un photograveur mais des invités invisibles. Ils attendent aussi l’orateur chef qui doit révéler leur message. Des chaises en attente de visiteurs Ce sont bien les chaises les principaux personnages puisque ce sont elles qui sont à l’origine de cette course contre le temps que mènent des deux vieillards. D’ailleurs, ces chaises ont une âme, comme le rappelle le vieux parce qu’elles ont été construites par des artisans, elles ont aussi une histoire. Malgré le grand nombre de chaises, il ne peut y avoir de places pour tout le monde, pour tous ces invités invisibles car leur vie a été bien remplie comme le remarque la Vieille.Tout ce pêle-mêle, c’est leur trop plein de rêves, leurs désirs, leurs souvenirs ,c’est à dire toute leur vie, qu’ils convoquent une dernière fois, avant d’y mettre fin. Ils savent que tout cela fait parti du jeu. Une nouvelle approche de l’oeuvre marquée par l’amour et la tendresse Bernard Levy nous fait redécouvrir ce classique du vingtième siècle .En effet, grâce à l’humanité et la tendresse qu’il insuffle, il nous donne le sentiment d’être devant la vie qui passe. L’écriture de Ionesco est tout sauf absurde, Grâce à la mise en scène de Bernard Levy, Ionesco nous bouleverse. Nous sommes complètement happés par cette belle histoire d’amour. Bien sûr, c’est aussi grâce à ces deux immenses interprètes que sont Thierry Bosc ( un des fondateurs du théâtre de l’Aquarium ) et et Emmanuelle Grangé . Ce vieux couple n’a pas perdu sa capacité d’émerveillement, il sait , en effet, faire preuve d’une imagination galopante et du coup, ils nous emmènent bien loin de tous les commentaires qui ont pu être faits à propos de cette pièce. L’homme a besoin de dire quelque chose au monde, d’où la présence à la fin de l’orateur chef mais tout le monde n’a-t-il pas besoin de dire quelque chose au monde ? Ici, pendant une heure trente, nous sommes dans la pure émotion. » IL N’Y A RIEN D’AUTRE AU MONDE QUE DEUX ESSENTIALITES, L’AMOUR ET LA MORT » déclarait Eugène Ionesco et c’est ce que nous font comprendre Bernard Levy et ses deux fabuleux comédiens : Thierry Bosc et Emmanuelle Grangé. UN PUR MOMENT D’EMOTION, DES COMEDIENS BOULEVERSANTS Les Chaises d’Eugène Ionesco à la Cartoucherie, Théâtre de l’Aquarium, du 19 mars au 14 avril. Mise en scène de Bernard Levy, avec Thierry Bosc, Emmanuelle Grangé, Michel Fouquet.