Chronique : 9 au Théâtre 13 21 mars 2017 in Les chroniques de Tata Nicole « 9 » , cinq hommes et quatre femmes qui composent le jury populaire devant décider du sort d’un jeune homme présumé coupable du meurtre de ses grands-parents d’adoption. Ces derniers ont été sauvagement assassinés au cutter. L’heure est maintenant venue de rendre un verdict, pour ces jurés. Une femme médecin chef du service des urgences, une ingénieure, un patron de PME, un intérimaire, un routier, un musicien, une graphiste, une enseignante et un vigneron, à la retraite, ancien d’Algérie. Une mise en scène pertinente Tout d’abord, le public installé sur des gradins en trifrontal est plongé au coeur des délibérations. Ainsi ce dispositif rappelle, en effet, l’agencement d’une salle d’audience. Les trois corps qui s’y affrontent : défense, partie civile et parquet. Dans ce huis-clos, le procès semble, en effet, se rejouer sous nos yeux. Ainsi donc, les doutes qui vont assaillir les protagonistes sont le reflet de nos propres hésitations. Un portrait de notre société « Avez-vous une intime conviction? » demande le président du tribunal aux neuf jurés. Il s’agit pour chacun d’eux de ne pas en faire une affaire personnelle. Cependant, très vite, on se rend compte que chacun juge à partir de ce qu’il est socialement, intimement, voire en fonction d’une certaine éthique. Du même coup, se dessine le portrait à vif de notre société. La justice est un théâtre Alors, comme au tribunal, les mots sont suivis d’actes, vaut-il mieux acquitter un coupable ou condamner un innocent? Le spectateur se lie avec tel personnage et cherche à se faire sa propre idée, change parfois de camp grâce aux dialogues percutants. L’interprétation chorale est l’atout majeur de ce spectacle. L’irruption de l’humour, les inserts dansés permettent de souffler dans cette pièce en tension permanente. Enfin, quand l’intrigue se dénoue, un souffle de soulagement parcourt le public. Le Petit Théâtre de Pain, en résidence à Louhossoa, au Pays basque, toujours soucieuse de réinventer un théâtre vivant, nous offre un spectacle très fort. A voir absolument ! 9 au Théâtre 13 / Seine, jusqu’au 26 mars. De Stéphane Guérin, mise en scène de Manex Fuchs et Georges Bigot